La cohabitation

Afin de réduire la distance entre Antoine et nous, supprimer ses comportements qui nous posent problème ou nous sont insupportables, il est bien tentant d'adopter une méthode, c'est à dire une démarche organisée et rationnelle pour parvenir à un résultat programmé : en quelque sorte faire réguler l'autisme par un bon technicien, appliquer une Méthode Assimil ...

Mais face à chaque comportement autistique, nous nous questionnons toujours : "Que cherche-t-il ainsi à obtenir ou à éviter ?". Nous savons ses angoisses liées à la temporalité et les spécificités de son profil sensoriel. Nous connaissons bien tout ce qui fait partie intégrante de son fonctionnement. Comment pourrions-nous alors nous comporter en Conquistadores découvrant un nouveau monde pour le soumettre, quitte à le détruire pour mieux le reconstruire à notre image... ou à notre idéal ?

Howard Butten ( écrivain, psychologue, et accessoirement clown ) parle de la personne autiste comme vivant seule dans une maison dont la porte n'est pas verrouilleé mais très petite. Il explique qu'il ne sert à rien de lui faire "violence" afin de le forcer à sortir ni de lui mentir sur les beautés du monde pour l'attirer à l'extérieur. Avec humilité et empathie, nous pouvons trouver en nous un visiteur qui puisse passer par cette toute petite porte, se comporter en bon invité, prendre la personne autiste par la main et lui apprendre à aller et venir à sa guise pour cohabiter le plus possible avec nous.

Par exemple, à la maison, Antoine boit dans son verre et ailleurs, dans un verre. A partir de ce fait, on peut bâtir 2 projets diamétralement opposés :

- Puisqu'il est capable de boire dans n'importe quel verre parfois, on va lui apprendre à généraliser et à le faire à la maison aussi.

- Puisqu'il fait l'effort de boire dans n'importe quel verre parfois,on lui laisse son verre apprivoisé à la maison.

Tout dépend du point de vue où l'on se place : ce que celà nous coûte ou nous apporte / ce que celà lui coûte ou lui apporte.