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Le Prince Coquelicot au Royaume des Jonquilles

Il était une fois, très très haut, très très loin, très très à l'Est, un pays mystérieux nommé Jura. On racontait que, là-bas, l'hiver était si long que le temps semblait se figer.  La neige était si blanche qu'elle brûlait les yeux des étrangers.  Le Comté était si bon qu'il faisait tourner les têtes même des plus sages.

C'est dans ces terres lointaines et sauvages qu'un prince, au bout d'une longue errance, vint s'installer. Il était las : il avait dû affronter l'intolérance de ses pairs, avait traversé des déserts entiers, seul, sans aide et sans eau. Il avait même été capturé, et avait failli finir ses jours enfermé dans une forteresse vide, seul, sans amis et sans famille ! Heureusement, il était courageux, et avait trouvé la force de se battre, et de fuir. Au lieu de lui couper les ailes, ses tortionnaires lui avaient donné la force de s'envoler...

Notre prince, un beau jour d'errance, arriva donc aux portes du Jura. Il choisit l'une des montagnes les plus hautes, et l'escalada. Une fois au sommet, il bâtit son royaume, véritable tour d'ivoire au coeur d'un champ de coquelicots. Ainsi isolé, plus personne ne viendrait le tourmenter, il n'aurait désormais pour seule compagnie que les frêles petites fleurs rouges. C'est ainsi qu'il devint le Prince Coquelicot.

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Malheureusement, la solitude, cela ne construit pas son homme. Le Prince Coquelicot fut bientôt extrêmement lassé de se contenter d'un pauvre lopin de terre, avec trois malheureuses fleurs rouges dessus.  Pour combler une solitude devenue oppressante, sa famille, venue habiter avec lui sur les hauteurs jurassiennes, acheta une télévision, et se mit à regarder en boucle les films de Louis de Funès. Cela donna de fort bonnes idées à notre Prince Coquelicot, qui attrapa lui aussi la folie des grandeurs.  Un beau matin ensoleillé, alors qu'on était (enfin) sortis de l'hiver, il se dit : "Et si je partais, tel Alexandre le Grand ou Jules César, à la conquête de nouvelles terres ?" Alea jacta est. Toute la famille, obéissant au doigt et à l'oeil au Prince Coquelicot par peur des représailles, souvent bruyantes et sanglantes, monta dans la voiture. Le petit véhicule entreprit alors de se faufiler à travers les sapins et les cahots de la route, pour atteindre le sommet d'une autre montagne. Ce n'était pas les coquelicots qui règnaient en maître sur ce sommet-ci : non non, la souveraineté appartenait aux Reines Jaunes, fières et orgueilleuses jonquilles, envahissant tout sur leur passage, sans un regard pour les malheureux crocus environnants. 

Lorsqu'il vit cette épouvantable injustice florale, le Prince Coquelicot fut révolté : "Il faut mater ces insolentes manantes." Avec l'aide de son petit frère Constant, devenu, en grandissant, général en chef des armées coquelicomanes, ils maitrisèrent très vite la révolte. Ils piétinèrent les hautes tiges vertes, arrachèrent les fières corolles jaunes, ne laissant sur leur passage qu'un champ de bataille. Veni vedi vici, comme l'aurait dit Jules César.

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"Et que flotte désormais sur la campagne dévastée le fier étendard de la confrérie des Jonquilles Soumises !" 

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